Le foyer des Alouettes, le Plessis Cellier (Bellevue), Nantes, Saint-Herblain, mars 1958 (date estimée).

Titre

Le foyer des Alouettes, le Plessis Cellier (Bellevue), Nantes, Saint-Herblain, mars 1958 (date estimée).

Sujets (Mots-clés)

Quatrième République, Cinquième République, Bellevue (quartier de Nantes et Saint-Herblain), Foyer des Alouettes, Immigration, Logement, Conditions de vie, Algérie, Guerre d'Algérie, Racisme, AENA (Association d'Entraide aux Nord-Africains), ANEA (Association Nantaise d'Echange avec l'Algérie), ASPROM (Association pour la promotion des travailleurs immigrés), GASPROM-ASTI (Groupement Accueil Service Promotion - Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés),

Description

Ce foyer fût créé en 1958, dans le quartier du Plessis-Cellier, pour héberger les travailleurs immigrés (surtout nord-africains et algériens) qui étaient logés quai Ernest Renaud. Ce foyer était géré par l'AENA (Association d'Entraide aux Nord-Africains), qui fusionnera avec l'ASPROM (Association pour la promotion des travailleurs immigrés) en 1969 pour devenir le GASPROM-ASTI (Groupement Accueil Service Promotion - Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés).
Le foyer des Alouettes fermera en 1972.

- SC 2095 à 2098 : baraquements du foyer des Alouettes, nd.

- SC 2099 : façade d'un des baraquements du foyer des Alouettes, nd. Photo publiée page 25 dans "Le livre blanc des immigrations dans l'agglomération nantaise" édité par le CID.
- SC 2100 : inscription sur un mur, rue Firmin-Colas, à proximité du futur foyer des Alouettes : "Si nous devons subir les maquereaux algériens pour la sécurité de nos filles et de nos épouses, nous exigeons des algériennes avec ...(eux)", mars 1958 (date estimée).
- SC 2101 : inscription sur un mur , rue Firmin-Colas, à proximité du futur foyer des Alouettes : "Les bons Algériens sont en Algérie", mars 1958 (date estimée).
- SC 2102 : cours d'alphabétisation au foyer des Alouettes, nd.

Cote (Source)

CHTD D6 (I).

Date

1958

Contributeur

Contribution de Yvon Gourhand, adhérent du CHT, en mars 2020 :

Concernant ces inscriptions faites au "coaltar" autrement dit au goudron, elles ont été faites sur des murs situés rue Firmin Colas à proximité du nouveau "foyer nord-africain" des Alouettes au Plessis-Cellier.
Au sein des archives de police on trouve deux références à celles-ci au sein du fonds 1226 W 395 aux ADLA (Archives départementales) :
- rapport de la Sûreté urbaine de Nantes sur les activités séparatistes algériennes pour la période du 10 au 25 juin 1958
- Courrier du commissariat de police des 6e/7e arrondissements au CC (Commissaire central) de Nantes du 21 mars 1958

Les deux textes rapportés par les services de police sont les suivants :

« Si nous devons subir des maquereaux algériens, pour la sécurité de nos filles et de nos épouses, nous exigeons des Algériennes avec eux »

« Les bons Algériens sont en Algérie »
et donc identiques à ceux constatés sur les photos.
Le courrier du 21 mars du commissaire de quartier rend compte d'un enquête de voisinage dans la perspective de l'ouverture prochaine du foyer. Voilà ce que j'en ai retenu :

Le ton est donné d’emblée, car toutes les personnes contactées estimeraient que l’emplacement a été mal choisi. Ceci en raison surtout du fait qu’il se construit en face de l’école de jeunes filles du Plessis-Cellier, fréquentée par des élèves qui ont 16 ou 17 ans pour les plus âgées. Et il serait à craindre que les Algériens « s’attaquent à ces dernières ou, tout au moins, qu’ils aient à leur égard des gestes répréhensibles »… Les esprits seraient remontés de telle sorte que le moindre geste des Nord-Africains à leur égard ferait éclater des bagarres. Les habitants du quartier ont souhaité l’implantation d’un poste de police.

Les archives rendent compte également d'un échange d'insultes survenu dès l'ouverture du foyer entre un résidant de celui-ci et un "métropolitain" habitant une des baraques du chemin des Alouettes, les habitants se déclarant prêts à faire la police eux-mêmes et étant franchement hostiles envers leur nouveau voisinage... ainsi que d'une pétition s'opposant à l'ouverture prochaine du foyer au motif de la présence de l'école de filles à proximité.

Au total on peut donc estimer que ces inscriptions datent de mars 1958 et donc d'avant l'ouverture du foyer des Alouettes, soit en juillet 1958 avec parallèlement le transfert de 136 Nord-Africains logés à l'ancien foyer nord-africain du quai Ernest Renaud alors détruit, sachant que les "gourbis" qui se sont développés à proximité immédiate de ce dernier sont restés encore en place au moins jusque fin 1958, en dépit des voeux exprimés par les policiers au préfet.

Ces fantasmes sur "l'hypersexualité" des Nord-Africains considérés comme un danger potentiel pour les femmes et surtout les jeunes filles dans un contexte raciste sont largement partagés par les services de la Sûreté urbaine - en particulier la fameuse Brigade nord-africaine (BNA) - puisqu'à plusieurs reprises les rapports de quinzaine s'étendent assez longuement durant l'année 1958 sur le sujet en expliquant notamment que la BNA constitue un fichier féminin non seulement sur les épouses et les concubines des Nord-Africains mais également sur les femmes et jeunes filles "métropolitaines" qui "fricotent" avec ces derniers en le justifiant au travers de la menace pour la jeunesse nantaise et l'ordre moral...

Droits

Contacter le Centre d'histoire du travail

Sources complémentaires

Les Archives départementales (ADLA) conservent les archives de police dont l'un des dossiers, sous la cote "1226 W 395", fait référence à l'installation du Foyer des Alouettes destiné aux travailleurs Nord-Africains.

Format

Nombre de prises de vue : 8
Qualité : Bonne ou moyenne (certaines photos se désagrègent)
Support : Tirages N et B originaux.

Domaine

D [Histoire locale et régionale]

Renseignements divers

Numérisations : SC 2095, SC 2096, SC 2097, SC 2098, SC 2099, SC 2100, SC 2101, SC 2102.

Date (décennie)

1950

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